Piazzolla

20 ans après sa disparition, n’en déplaise à Carlos Gardel, Astor Piazzolla est devenu partout dans le monde La figure emblématique du tango argentin. Son oeuvre considérable, plus de 2 000 compositions, et son bandonéon si virtuose n’ont pourtant pas toujours avancé main dans la main avec la culture tanguera.

On peut même dire qu’une vraie discorde, qui persiste encore aujourd’hui, s’est installée entre les figures importantes du tango argentin et la personnalité très électrique d’Astor Piazzolla.

 

 

Tout d’abord il étudie le bandonéon à New York !!! où sa famille a émigré en 1924, et travaille l’oeuvre de J. S. Bach et non les tangos populaires. Plus tard, il retourne en Argentine où il commence sa carrière de musicien dans les orchestres les plus prestigieux, dont celui d’Anibal Troilo, mais ce sont davantage les cours de contrepoint d’Alberto Ginastera qui lui montent à la tête. Il gagne un prix de composition en 1954 et part étudier la composition à Paris dans la classe de Nadia Boulanger (professeur de Quincy Jones, Lalo Schifrin, Leonard Bernstein, Philip Glass…). Il renie le tango, range son bandonéon pour devenir compositeur de musique savante. L’anecdote nous raconte alors qu’à la fin de sa bourse, il interprète Triunfal, un de ses tangos, à Nadia Boulanger qui lui conseille de poursuivre dans cette voie « Astor, tes compositions classiques sont très bien écrites mais le vrai Piazzolla est là, ne l’oublie jamais ».

Fort de cette révélation, il retourne à Buenos Aires, en 1957 où il affirme tout de suite son style avec l’Octeto Buenos Aires. Une musique très en avance pour son temps où se réunissent les langages du tango bien sûr mais aussi du jazz et de la musique savante (il a collaboré avec Gerry Mulligan, les cordes de l’Opéra de Paris, Martial Solal, Lalo Schifrin, écrit des pièces pour le Kronos Quartet, pour Rostropovitch…). En choisissant de se détacher des contraintes de la danse, car le tango est joué pour être dansé, il crée la controverse entre les tenants de la tradition et ceux qui se réclameront de Piazzolla.

A partir de là, il n’aura de cesse de perfectionner son style à travers différentes formations comme le Conjunto Electronico, orienté pop, l’Orchestre Symphonique, mais surtout le quintette dans lequel il trouve un équilibre, l’aboutissement de cette recherche stylistique et pour lequel il écrit ses compositions les plus enregistrées et interprétées depuis.

Sur la fin de sa vie, il connaît un succès international, succès qui ne sera reconnu dans son pays que pour ses funérailles en 1992, alors que l’avion présidentiel était allé le chercher d’urgence quand il était mourant  à Paris.

 

Julien Blondel, pianiste et arrangeur de Roulotte Tango Cinco

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *